Suite au post du 23 juillet sur l'exceptionnelle série estivale de Marcel Quillévéré, Carrefour des Amériques, retour sur le travail du producteur de France Musique en 2011 avec l'émission Les Traverses du temps .
Le mardi 20 septembre 2011 Marcel Quillévéré recevait son collègue Renaud Machart qui avait traversé toutes les tempêtes de France Musique depuis 1987, jusqu'à ce funeste été 2018 où Marc Voinchet vient d'interrompre une carrière unique de producteur de radio (cf. Renaud Machart, une mémoire radiophonique).
L'entretien avec Renaud Machart est extrêmement instructif sur la musique, l'art de la radio et sur son parcours personnel inspirant. C'est une écoute stimulante et émouvante.
Le motif de l'invitation était la publication d'un livre de Renaud Machart, " Le Magicien d'Aix". Gais, virevoltants, fourmillant de révélations, les "mémoires intimes" de Gabriel Dussurget (1904-1996), personnage mythique et central du monde de l'opéra dès l'après-guerre et créateur du Festival international d'art lyrique d'Aix-en-Provence (en 1948) qu'il dirigea jusqu'en 1972. Actes Sud Beaux Arts Juin 2011.
En réalité, cette petite heure est l'occasion pour Renaud Machart de faire l'apologie de France Musique (qui le lui rend très mal en cet été 2018), de la manière dont celle-ci lui a permis de devenir musicien, critique musical, puis producteur de la station culturelle. Quel hommage ne rend-il pas à Dominique Merlet et ses émissions sur l'orgue !
Renaud Machart pose aussi une réflexion sur ce qu'est une radio musicale, sur la relation avec les auditeurs. Voilà un homme qui devrait être à la direction des programmes ou à la tête de France Musique après 30 ans dans la maison. Au lieu de cela, il est viré, misère !
Une de ses suggestions, c'est la création d'un programme d'archives qui pourrait faire réentendre le fleuron des émissions passées. Eh oui, nous n'avons pas encore à France Musique de Philippe Garbit (+ équipe) comme à France Culture. Fred de Rouen s'en désolait, lui qui archivait précieusement, avec l'aide de l'ANPR, les grands moments culturels de la station musicale (ne parlons pas d'Henry Faÿe qui a enregistré des centaines d'émissions des années 1970 et 1980 sur cassettes, dont certaines sont en cours de numérisation par des fanas de l'archive).
Renaud Machart a la parole libre et parfois crue ce qui en fait un producteur indispensable. Au tout début de cet entretien (disponible sur demande, vu que ces émissions, audio et descriptif, ont disparu), il dit d'un air souriant, après avoir évoqué les 90 mails d'auditeurs lui réclamant avec des prudences oratoires les références à une chanson aux texte osé qu'il avait diffusée : "Et comme ailleurs, le cul, ça marche aussi très bien sur France Musique".
France Culture en a pris de la graine. Sans l'humour, sans le second degré, sans la culture.
Pour mémoire, Les Traverses du temps du 20 septembre 2011 :
Programmation musicale
Boulez, Le marteau sans maître
Bande non commercialisée
Louis Marchand, Pièce pour orgue
avec les voix de Jean Boyer et Jacques Merlet
Bande non commercialisée
[Emission France Musique]
Thierry Beauvert et Renaud Machart, Les blagues du 1er avril
[Emission France Musique]
Monteverdi, Messa a quattro Voci
La chapelle Royale, direction Philippe Herreweghe
[HMC 901 355]
Richard Rodney-Bennet
Real men don't eat quiche
[CD ODE 1292]
Blossom Deary
The Lady who lunch
[BMD VOL.XVIII]
* Renaud Machart, né en 1962, est musicien et musicologue de formation (Conservatoire et Université de Tours). Ancien chanteur, il a aussi été directeur artistique d’un ensemble de musique contemporaine (Musique oblique) et de festivals (Festival estival de Paris, 1989-1992 ; série « Paris-New York » à New York, 1998-1999). Il a consacré des livres à Francis Poulenc (Cicero, 1993, Seuil, 1995), John Adams* (Actes sud, 2004) et Leonard Bernstein (Actes sud, 2007), traduit et présenté le Journal parisien de Ned Rorem (Editions du Rocher, 2003). Il vient de publier l’édition annotée des mémoires de Gabriel Dussurget, fondateur du Festival d’Aix-en-Provence (Le Magicien d’Aix, Actes Sud, 2011). Renaud Machart a collaboré à deux livres collectifs en anglais : The Proust Project (Farrar, Straus and Giroux, New York, 2004) et The John Adams Reader (Amadeus Press, 2006).
Il est journaliste au service culture du quotidien Le Monde depuis 1994, producteur à France Musique depuis 1987 et a fondé et dirigé de 1992 à 2009 la collection de disques d’archives radiophoniques « Ina, mémoire vive ».
* John Adams
Étrangement, la musique de John Adams (né en 1947), le compositeur américain vivant le plus joué dans le monde, n’a jamais fait à ce jour l’objet de la moindre étude. Voilà ce préjudice enfin réparé. Renaud Machard situe la trajectoire esthétique de John Adams dans le contexte de la musique américaine du XXème siècle, peu connue en France. Depuis les débuts « minimalistes », à l’orée des années 1970, jusqu’aux pièces les plus récentes comme la fresque chorale et orchestrale en hommage aux victimes du 11 septembre, les œuvres emblématiques de ce musicien prolifique sont ici étudiées, de même que ses récurrences stylistiques et les polémiques esthétiques et politiques qu’elles ont suscitées. Ce premier livre bénéficie en outre de la collaboration active du compositeur, que l’auteur a souvent rencontré depuis 1991.
Actes Sud Beaux Arts / Classica
Mars, 2004 / 10 x 19 / 160 pages
ISBN 978-2-7427-4619-4
Le mardi 20 septembre 2011 Marcel Quillévéré recevait son collègue Renaud Machart qui avait traversé toutes les tempêtes de France Musique depuis 1987, jusqu'à ce funeste été 2018 où Marc Voinchet vient d'interrompre une carrière unique de producteur de radio (cf. Renaud Machart, une mémoire radiophonique).
L'entretien avec Renaud Machart est extrêmement instructif sur la musique, l'art de la radio et sur son parcours personnel inspirant. C'est une écoute stimulante et émouvante.
Le motif de l'invitation était la publication d'un livre de Renaud Machart, " Le Magicien d'Aix". Gais, virevoltants, fourmillant de révélations, les "mémoires intimes" de Gabriel Dussurget (1904-1996), personnage mythique et central du monde de l'opéra dès l'après-guerre et créateur du Festival international d'art lyrique d'Aix-en-Provence (en 1948) qu'il dirigea jusqu'en 1972. Actes Sud Beaux Arts Juin 2011.
En réalité, cette petite heure est l'occasion pour Renaud Machart de faire l'apologie de France Musique (qui le lui rend très mal en cet été 2018), de la manière dont celle-ci lui a permis de devenir musicien, critique musical, puis producteur de la station culturelle. Quel hommage ne rend-il pas à Dominique Merlet et ses émissions sur l'orgue !
Renaud Machart pose aussi une réflexion sur ce qu'est une radio musicale, sur la relation avec les auditeurs. Voilà un homme qui devrait être à la direction des programmes ou à la tête de France Musique après 30 ans dans la maison. Au lieu de cela, il est viré, misère !
Une de ses suggestions, c'est la création d'un programme d'archives qui pourrait faire réentendre le fleuron des émissions passées. Eh oui, nous n'avons pas encore à France Musique de Philippe Garbit (+ équipe) comme à France Culture. Fred de Rouen s'en désolait, lui qui archivait précieusement, avec l'aide de l'ANPR, les grands moments culturels de la station musicale (ne parlons pas d'Henry Faÿe qui a enregistré des centaines d'émissions des années 1970 et 1980 sur cassettes, dont certaines sont en cours de numérisation par des fanas de l'archive).
Renaud Machart a la parole libre et parfois crue ce qui en fait un producteur indispensable. Au tout début de cet entretien (disponible sur demande, vu que ces émissions, audio et descriptif, ont disparu), il dit d'un air souriant, après avoir évoqué les 90 mails d'auditeurs lui réclamant avec des prudences oratoires les références à une chanson aux texte osé qu'il avait diffusée : "Et comme ailleurs, le cul, ça marche aussi très bien sur France Musique".
France Culture en a pris de la graine. Sans l'humour, sans le second degré, sans la culture.
Pour mémoire, Les Traverses du temps du 20 septembre 2011 :
Programmation musicale
Boulez, Le marteau sans maître
Bande non commercialisée
Louis Marchand, Pièce pour orgue
avec les voix de Jean Boyer et Jacques Merlet
Bande non commercialisée
[Emission France Musique]
Thierry Beauvert et Renaud Machart, Les blagues du 1er avril
[Emission France Musique]
Monteverdi, Messa a quattro Voci
La chapelle Royale, direction Philippe Herreweghe
[HMC 901 355]
Richard Rodney-Bennet
Real men don't eat quiche
[CD ODE 1292]
Blossom Deary
The Lady who lunch
[BMD VOL.XVIII]
* Renaud Machart, né en 1962, est musicien et musicologue de formation (Conservatoire et Université de Tours). Ancien chanteur, il a aussi été directeur artistique d’un ensemble de musique contemporaine (Musique oblique) et de festivals (Festival estival de Paris, 1989-1992 ; série « Paris-New York » à New York, 1998-1999). Il a consacré des livres à Francis Poulenc (Cicero, 1993, Seuil, 1995), John Adams* (Actes sud, 2004) et Leonard Bernstein (Actes sud, 2007), traduit et présenté le Journal parisien de Ned Rorem (Editions du Rocher, 2003). Il vient de publier l’édition annotée des mémoires de Gabriel Dussurget, fondateur du Festival d’Aix-en-Provence (Le Magicien d’Aix, Actes Sud, 2011). Renaud Machart a collaboré à deux livres collectifs en anglais : The Proust Project (Farrar, Straus and Giroux, New York, 2004) et The John Adams Reader (Amadeus Press, 2006).
Il est journaliste au service culture du quotidien Le Monde depuis 1994, producteur à France Musique depuis 1987 et a fondé et dirigé de 1992 à 2009 la collection de disques d’archives radiophoniques « Ina, mémoire vive ».
* John Adams
Étrangement, la musique de John Adams (né en 1947), le compositeur américain vivant le plus joué dans le monde, n’a jamais fait à ce jour l’objet de la moindre étude. Voilà ce préjudice enfin réparé. Renaud Machard situe la trajectoire esthétique de John Adams dans le contexte de la musique américaine du XXème siècle, peu connue en France. Depuis les débuts « minimalistes », à l’orée des années 1970, jusqu’aux pièces les plus récentes comme la fresque chorale et orchestrale en hommage aux victimes du 11 septembre, les œuvres emblématiques de ce musicien prolifique sont ici étudiées, de même que ses récurrences stylistiques et les polémiques esthétiques et politiques qu’elles ont suscitées. Ce premier livre bénéficie en outre de la collaboration active du compositeur, que l’auteur a souvent rencontré depuis 1991.
Actes Sud Beaux Arts / Classica
Mars, 2004 / 10 x 19 / 160 pages
ISBN 978-2-7427-4619-4