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''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard    Page 5 sur 5

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Curly 


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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Jeu 18 Avr 2024, 20:57

Mystère, mystère

Crêpes et châtiments (13-12-1966)
de Alain Bernier et Roger Maridat
avec André Valmy, Jacques Sapin, Jean Bolo, Arlette Thomas, Marie-Jeanne Gardien, Claudine Cheret

Une intrigue pépère-tranquille, où une fois de plus André Valmy endosse le rôle de l’enquêteur qui ne comprend rien, sauf dans la scène finale où il éclaircit tout d’un coup de baguette magique.
L’histoire évolue de manière complètement artificielle. Un rendez-vous chez le notaire sert de point de chute à notre histoire, et donc à démasquer le coupable.
L’auditeur a vite une longueur d’avance, et comprend que le coupable parmi les deux suspects est bien le troisième. Les auteurs nous y préparent dans une scène durant laquelle le personnage apparaît sous son véritable jour.
Les ingrédients sont les mêmes : grosse entreprise familiale avec des biscuits, des crêpes, d’où le jeu de mots du titre, un dirigeant envié par le frère et la sœur qui martyrisent la femme du patron et frère.
Tout ce petit monde vit sous le même toit.
L’enquêteur est déjà présent avant le crime. Le patron vient le voir car les freins de la voiture de sa femme ont été sabotés. Pourtant, il ne comprend pas, tout le monde s’aime d’amour tendre dans la famille.
Il est un peu naïf. Sa fortune est convoitée par la petite famille, ainsi que sa femme par son propre frère.
Or, ce n’est pas la femme qui meurt, mais le mari, empoisonné. La partie culinaire est longue, les détails sur le menu, les champignons, les gnocchis, les apéros, tout cela s’étale trop longuement.
La disparition violente, pour les besoins de l’intrigue, ne provoque aucune émotion dans la famille. Elle n’est qu’une pièce supplémentaire qui s’imbrique dans les machinations des uns et des autres.
La vieille servante (M-J Gardien), dévouée et pittoresque, sauve un peu les meubles, mais elle reste un personnage secondaire.
Pierre Billard, pour servir de transition et planter l’atmosphère, utilise une musique qu’il a utilisé plusieurs fois dans « Mystère, mystère », comme pour donner une unité à l’ensemble.
La fin abrupte, une marque de fabrique de la série, est toujours très efficace.

De l'eau sous les ponts (24-05-1966)
de Alain Franck
avec Jacques Morel, Jean-Charles Thibault, André Var, Jean-Pierre Lituac, Claude Bertrand, Jean Clarieux, Jean-Marie Fertey, Claude Richard, Arlette Thomas, Rosy Varte, Geneviève Morel
Une enquête qui se déroule essentiellement dans le poste de police, avec va-et-vient des enquêteurs, coups de téléphone… une superproduction « Mystère, mystère » !
Pléthore de bruits d’ouvertures de portes, de sonneries de téléphone : Pierre Billard a sorti les grands moyens. Il laisse, suivant les principes de la série, au silence du studio d’enregistrement le soin de figurer tous les lieux, que ce soit des extérieurs ou des intérieurs.
Les auditeurs n’ont qu’à laisser libre court à leur imagination, les voix des acteurs font le reste.
Un représentant est retrouvé mort noyé dans la Marne. Les interrogatoires se succèdent, les découvertes, la fausse piste habituelle, et même la résolution d’un autre mystère, celui d’un vol commis durant la même nuit.
Jacques Morel endosse une fois de plus le rôle du commissaire. Rosy Varte dans le rôle de la veuve éplorée nous joue son numéro de castafiore dans le grand final.
Sans surprise, l’assassiné trompait sa femme, pendant que de son côté celle-ci lui rendait la pareille.
La pièce se déroule donc sans accrocs, l’auditeur retrouve intacts les ingrédients habituels, regrettant peut-être que l’auteur n’ait pas ajouté quelques éléments plus pimentés.
Pierre Billard rabotait-il les textes ? Ce n’est pas la première, ni la dernière fois, que la pièce se conclut de manière abrupte, sur une réplique bien sentie. Des coups de rabot qui donnent tout de suite plus de nerf à la chute.

Curly 

Curly

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Dim 21 Avr 2024, 09:20

Mystère, mystère

Dimanche mortel (16-11-1965)
de Jeannine Raylambert
avec Jane Marken (Blanche Renaudidier), Arlette Thomas (Monique), Claude Richard, André Valmy (commissaire Marquès), Jean-Jacques Steen, Gaétan Jor

Un dimanche en famille, avec le mari, la femme et la belle-mère. On s’ennuie ferme, surtout madame. Le double sens du titre se fait un peu attendre, mais il arrive après un début très lent, qui laissait augurer une pièce sarcastique, plongée dans l’humour noir, dans la lignée des meilleurs Raylambert.
Or, nous restons à la limite d’un commencement d’humour. Jamais l’auteur ne franchit cette limite, alors qu’elle la frôle presque, involontairement en plus.
L’histoire s’y prêtait bien, mais finit dans le grand mélo.
Un visiteur vient perturber l’ennui de madame, comme si la belle-mère et le mari s’étaient concertés pour combiner un divertissement macabre. Ce visiteur, nous ne saurons que tardivement ce qu’il est venu discuter avec le mari, parce que nous restons avec madame et sa mère. Des éclats de voix, et enfin, un coup de feu.
Second temps, une longue discussion entre le mari et sa femme, qui se termine par un autre coup de feu.
Puis, arrivée du commissaire, interprété une fois de plus par André Valmy*.
Tout s’embrouille, puis se démêle laborieusement.
L’histoire pourrait prêter à rire, mais elle est traitée, étrangement, avec sérieux. Chaque meurtrier à tué pour couvrir quelqu’un, à chaque fois la même personne.
À la fin la pauvre Madame se retrouve toute seule. Que va-t-elle pouvoir faire les dimanches suivants ? Va-t-elle enfin trouver de quoi s’occuper ?
Malgré la situation rocambolesque, Jeannine Raylambert laisse l’absurde de côté, alors qu’il y avait tant à faire, et plonge dans le tragique, avec un numéro taillé sur mesure pour Jane Marken, qui nous révèle lors d’un long entretien avec le commissaire Valmy toute la vérité sur cette sinistre, et ennuyeuse, histoire.
La réalisation de P. Billard joue avec la profondeur de champ sonore, qui pour lui se limite à la distance des acteurs par rapport au micro. Les bruitages, pas question d’en abuser : des portes qui s’ouvrent, deux coups de feu, cela suffit. On entend même les pages du texte que tournent les acteurs.

* André Valmy, doubleur talentueux (il y en a pas mal dans les émissions de Billard).
Extrait de « Giù la testa » (Il était une fois la révolution) de Sergio Leone (1971).
Dialogue entre André Valmy / Rod Steiger et Jean-Pierre Duclos / James Coburn.

                                                                        

Erreur sur la victime (26-04-1966)
de Charles Maître
avec Jacques Morel, Laurence Weber, Lisette Lemaire, Andrée Tainsy, Dominique Paturel, Henri Crémieux, Pierre Moncorbier

Pour changer un peu, Jacques Morel n’est pas commissaire, mais la pauvre victime, à moins qu’il ne soit suspect, car tout est confus dans cette histoire de tentatives d’assassinat.
Une pièce impeccablement construite, certes de structure fort classique, mais qui remplit son office : surprendre avec des tentatives de meurtre à répétition.
Charles Maître réussit à créer des relations troubles entre les membres et ami de cette famille de la haute : le mari est le patron, la femme, un mariage sans amour, soumise à la tentation de l’adultère via un visiteur régulier, très régulier, sa jeune sœur, qui, et l’auteur exploite bien toutes les possibilités, va attirer sans le savoir dans ses filets le mari, ou l’ami, ou les deux, qui sait, et un couple de vieux domestiques bien sympathiques.
Le patron est d’abord victime d’une chute de tonneau de vin dans la cave, puis un rocher s’abat sur sa voiture.
La police est prévenu, et surveille de près la santé du chef d’entreprise. Et pourtant, sa femme, peu après, est victime d’un accident de voiture qui n’a rien d’accidentel.
Y a-t-il, comme le titre l’indique, erreur sur la victime ? Le rugueux commissaire, qui aura la voix d’Henri Crémieux pour cette fois, va interroger tout le monde, sans succès dans un premier temps, car il faut que l’auditeur en profite un maximum, jusqu’à ce que la lumière se fasse sans que nous ayons été mis au courant, et qu’enfin le commissaire tende un piège au coupable.
Classique donc : mise en place, accidents, enquête, coupable piégé lors d’un interrogatoire serré. Mais le texte, l’interprétation, la réalisation, tout concourt à faire de cette pièce un numéro exemplaire de « Mystère, mystère ». Les ingrédients attendus sont bien dosés, et servis avec soin. Ce n’est pas le cas de toutes les pièces de la série.
Notons, une fois de plus, la traditionnelle fin abrupte, et l’ultime réplique bien envoyée du commissaire en fin de carrière qui ne mâche pas ses mots.

Curly 

Curly

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Lun 22 Avr 2024, 09:51

Mystère, mystère

Histoire de cœur (25-01-1966)
de Charles Maître
avec Jean-Marie Fertey, Henri Poirier, Jean-Pierre Lituac, Rosy Varte (Lucienne), Laurence Weber (Nicole), Henri Labussière, Jeanne-Marie Gardien, Claude Leblond, Joëlle Janin, Jacques Morel (Louis)

Encore un titre à double sens, pour cette histoire criminelle, et médicale. Pour changer un peu, aucune enquête, pas de commissaire et d’interrogatoires à la chaîne. Nous sommes du côté des truands, et  il n’y a aucune révélation finale bouleversante. Nous suivons la préparation d’un sale coup, celui d’un braquage de fourgon à main armée, le traditionnel dernier coup d’éclat raté du gangster avant sa retraite dorée imaginaire en Amérique du Sud.
Un seul problème, le défaut de la cuirasse, notre braqueur est amoureux, mais amoureux d’une femme mariée à un chirurgien chef de clinique. Une idée à exploiter. Comme depuis « Faits divers », Pierre Billard a laissé tomber les scènes d’action pour privilégier les dialogues à fort potentiels dramatiques afin de créer une esthétique spécifiquement radiophonique, le braquage est tombé dans une ellipse. Une chute telle que l’auditeur se demande s’il a bien eu lieu.
Le suspense tourne autour du sauvetage du truand, atteint par balle près d’un organe nommé dans le titre, et de la révélation qui pourrait être faite au mari chirurgien au sujet de la relation adultérine de sa femme, ainsi que de l’activité peu reluisante de l’heureux élu.
La machination trouvée par la famille et les proches pour sauver la vie et la liberté du blessé remplace l’intrigue policière qui est bien souvent de mise dans la série.
Si la distribution peut paraître importante (dix acteurs !) comparée à d’autres numéros, l’auteur, suivant les principes de son producteur, privilégie les scènes à deux personnages, qui constituent l’armature de la pièce : par exemple le gangster / son complice, sa sœur / son amante, et pour la fin, le chirurgien / sa femme.
Charles Maître, auteur prolifique de la maison Billard, commence en 1956 à signer ses premiers « Faits divers ». Il va prendre un rythme de croisière en 1958 pour « Les maîtres du mystère », puis « Mystère, mystère », il va fournir en moyenne 5/6 textes par an, jusqu’à la fin de l’émission en 1974.

Intérêts et principal (23-11-1965)
de Charles Maître
avec Robert Murzeau, Henri Poirier, Jean Bolo, Bernadette Lange, Laurence Weber

Ne pas se fier au titre, le monde de la finance est la métaphore de la vengeance terrible d’une femme trompée par son mari, pour qui l’argent prime sur tout le reste.
Cette vengeance se réalisera-t-elle, ou restera-t-elle à l’état de plan ? Nous ne le saurons qu’à la fin, lors d’un long dialogue à deux.
Un mari, plus intéressé par l’argent que par l’amour, souhaite se débarrasser de sa femme pour convoler avec une autre, plus âgée, mais avec de gros avantages sonnants et trébuchants.
La pièce est bien construite, de manière à constamment titiller l’attention des auditeurs.
Première scène : retrouvailles un soir à la maison d’un couple qui semble très usé. Or, ils ne sont mariés que depuis deux ans.
La situation est telle qu’il est possible d’imaginer que la femme souhaite se débarrasser de son mari, et inversement. Une lettre de convocation évasive : monsieur est convoqué Quai des Orfèvres pour des « questions le concernant ».
Charles Maître charge la barque en ajoutant une lettre anonyme, une disparition qui pourrait être un meurtre autant qu’un piège pour faire condamner l’ancien mari, un constat d’adultère bidon, un empoisonnement et un crime.
Les trois personnages, dont un porté-disparu, semblent dépossédés de toute passion, alors que l’amour est au centre de tout. L’amour, et l’argent.
La femme trompée n’a commis aucun adultère, une variante intéressante dans la série qui accumule un nombre incalculable de situations de ce genre.
Le rythme est serré, il n’y a pas de temps mort, et il faut se méfier de tout ce qui semble inutile, placé là pour mieux nous tromper.
Le dénouement, surprise, ne voit pas le coupable puni, bien au contraire, l’intérêt écrase le principal.
Mais comme la victime est en quelque sorte aussi coupable, la règle de la série qui consiste à punir le coupable est, si l’on tire bien le dénouement par les cheveux, respectée.
La scène la plus violente tombe dans une ellipse, Pierre Billard privilégie les dialogues à l’action. L’ellipse demeure bienvenue, car elle oblige à ajouter du suspense au suspense : que s’est-il passé pendant ce trou noir de l’histoire ? Encore plus fort, le personnage a lui aussi pris l’ellipse de plein fouet, et il se retrouve comme nous à découvrir avec horreur ce qui s’y est produit.
« Intérêt et principal » est le troisième numéro de « Mystère, mystère », émission commencée début novembre 65. Durant ce mois, et ce fut le seul de son histoire, elle fut hebdomadaire, avant d’alterner une semaine sur deux avec « L’heure du mystère » de Germaine Beaumont. Pas d’injustice, « L’heure » avait connu sa gloire hebdomadaire en octobre.

Curly 

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Mar 30 Avr 2024, 17:54

Mystère, mystère

Première comparution (22-10-1968)
de Alain Franck
son Jean Jusforgues, bruitages Louis Matabon
avec Jacques Morel (le juge Jalladieu), Arlette Thomas (Arlette Ludon)

Il existe plusieurs « Mystère, mystère » à deux personnages, souvent l’occasion de numéros à grand spectacle d’acteurs qui ont enfin droit à leur moment de gloire. Jacques Morel et Arlette Thomas, habitués de la série, ne sont pas meilleurs qu’à l’accoutumée, mais comme ces cinquante-cinq minutes leur sont entièrement réservées, qu’aucun autre acteur vient perturber leur interprétation, cela devient exceptionnel. La pièce, une seule scène d’un seul tenant, raconte la confrontation entre un juge d’instruction et une prévenue  arrêtée pour vol à l’étalage. L’histoire racontée est comme un oignon que le juge va éplucher pour trouver une seconde couche, puis encore, une autre, etc. La version de la prévenue avance par à coup, à chaque fois le juge trouve une faille dans laquelle il s’engouffre pour découvrir une nouvelle histoire, ou une variante qui va faire évoluer l’histoire dans un sens différent de celui proposé par l’accusée.
La construction très mécanique est magnifiée par l’interprétation, entre tragique, et comique de répétition, car nous comprenons très vite là où nous emmène l’auteur, et l’auditeur y va avec autant de plaisir que les interprètes.
Jacques Morel fait partie des acteurs qui incarnent l’autorité dans l’émission. Quand il n’est pas juge, sauf exceptions, il est souvent inspecteur ou commissaire. Arlette Thomas campe habituellement de jeunes ingénues, naïves, ou faussement naïves.
Elle ment avec une telle conviction qu’elle oublie quelques incohérences tout de suite relevées par le juge. Sa candeur est indestructible, et lorsqu’elle est prise la main dans le sac, elle a sous le coude une seconde version pour corriger ses erreurs, la version suivante n’étant pas exempte de nouvelles gaffes.
Comme nous pouvons nous en douter, nos deux protagonistes ne vont pas parler pendant une heure de vols de vêtements, un cadavre arrive sur le tapis.
La réalisation est donc encore plus minimaliste que d’habitude, comme si cela était possible, et les réponses lointaines du greffier sortent sans doute de la bouche du bruiteur, Louis Matabon. Même pas de musique, rien. Et le silence laissé après la toute dernière réplique, suprême idée, fait son petit effet.
La pièce a semble-t-il été adaptée au théâtre quelques mois plus tard, mais aucune trace de ce spectacle n’a été trouvée. Il est difficile de l’imaginer avec d’autres acteurs que ceux-ci, tant leur voix colle à la perfection à leur personnage, et que le duo est en parfaite symbiose.
L’interprétation demeure l’effet spécial le plus impressionnant des réalisations de Billard.
« Première comparution » fit partie des pièces publiées en cassette (fin des années 90), puis en CD (2003).

Qui rira le dernier (03-03-1970)
de Pierre Frachet
bruitages Jean-Jacques Noël
avec Jean-Claude Michel (Simon Lootz), Bernadette Lange (Juliette Spinali), Pierre Constant (Fabien Sorel), Catherine Hubeau (Marie-Claude), Claude Bertrand (Gilbert Spinali)

Une pièce qui eut droit à une édition cassette (1996) puis CD (2006). Elle est signée Pierre Frachet, qui rejoignit Pierre Billard en 1969 pour ne plus le lâcher : auteur régulier jusqu’en 1974, puis de 1983 à 88 (« Mille et un jours » puis « Les nouveaux maîtres du mystère »).
Frachet est connu, surtout, comme parolier (« Ma môme » pour Jean Ferrat).
Il ne faut pas se fier au générique, les deux tiers de la pièce sont constitués de deux longs dialogues à deux personnages, les mêmes, les autres personnages apparaissant brièvement. Le charme du texte tient à ce déséquilibre, puisqu’à trois scènes qui ont pris près de 40mn sur les 55, suivent une scène d’action sur un bateau, avec coups de feu, et une dernière pour un dernier coup de théâtre. Chose très rare dans « Mystère, mystère », les révélations successives sont portées entièrement, non par le dialogue comme à l’accoutumée, mais par le bruiteur. Tout est dit par deux coups de feu, puis par le départ d’une voiture.
Outre ce déséquilibre dans la construction, l’auteur a été particulièrement diabolique dans l’élaboration de son histoire, qui tient entièrement dans son titre, un proverbe fameux dont la première proposition a été tronquée.
Première scène, un tueur professionnel vient proposer ses services à une femme. Il peut la débarrasser de son mari, afin qu’elle puisse enfin convoler librement avec son amant. Déstabilisée au début, la femme est progressivement convaincue, et il ne reste plus au tueur qu’à la laisser mariner quelques jours avant de passer à la transaction.
Seconde scène, de loin la plus longue, elle nous amène à plus de la moitié de la pièce, le même tueur vient offrir à peu près le même service au mari. Le titre nous aiguille, mais tous les personnages, même ceux qui n’apparaissent que quelques instants, sont tous profondément malhonnêtes, et prêts à faire la moindre entourloupe à son prochain pour s’en sortir, si possible avec un gros pactole. Les relations amoureuses sont toutes faussées. Le plus important : celui qui part avec les valises pleines de billets rira bien le dernier.
Le complot ourdi, sacrément tordu, est parfaitement compréhensible. Aussi, l’essentiel de la scène d’action de la fin (l’avion) est passée sous silence, le récit reprenant au moment où tout va déraper.
Pierre Frachet est ici un excellent conteur, bien aidé par l’équipe de « Mystère, mystère ». Rigueur de la production, de la réalisation, et interprètes de haut vol.

Curly 

Curly

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Hier à 10:28

Mystère, mystère

La clé sur la porte (30-11-1965)
de Jean Chatenet
avec Michel Bouquet (Marcel Villers), Rosy Varte (Chantal Bergeret), Pierre Trabaud, Jean-Pierre Lituac, Jean Clarieux

Jean Chatenet écrit depuis 1957 (« Faits divers ») pour la radio. Il écrira peu de « Mystère, mystère », car dans les années 60 il se tourne vers la télévision, pour laquelle il écrira beaucoup, des policiers parfois, mais surtout des séries historiques. Il est le fils de Georges Chamarat, de la Comédie-Française, mais aussi participant occasionnel aux « Maîtres du mystère ».
La participation de Michel Bouquet est plus exceptionnelle. Si sa présence dans « Les maîtres » fut régulière, il ne fit que trois « Mystère, mystère », ce qui ne signifie pas pour autant qu’il avait tourné le dos à la radio. Il fit aussi, en 1966, deux « Heures du mystère » pour Germaine Beaumont.
Dans cette pièce, son rôle est proche des personnages que lui fera jouer Claude Chabrol quelques années plus tard. Son « je vous trouve très sympathique » envoyé à la figure du pauvre serrurier (Pierre Trabaud) inquiète au plus haut point. Il est le mari délaissé par une femme manipulatrice, et l’on ne sait s’il est le dindon de la farce ou le maître du jeu. Michel Bouquet joue l’homme trompé en y mettant une telle intensité qu’il donne l’impression d’être coupable. L’auditeur ignorera, jusqu'à la scène finale, son rôle dans les différents méfaits commis. Il y a deux morts, deux meurtres, celui de son frère, dont il essaie retrouver le coupable, et un autre vers la fin, qui est commis durant une des ellipses qu’affectionne tant « Mystère, mystère », où les scènes d’action (= de meurtre) y sont souvent escamotées.
Rosy Varte retrouve de son côté son rôle de garce, et Pierre Trabaud celui du jeune homme naïf. Bien qu’ayant plus de quarante ans, il avait une voix qui pouvait encore passer pour celle d’un jeunot.
L’histoire de machination diabolique ne fonctionne pas pleinement, elle a un côté laborieux, fatigant, et l’histoire d’héritage, bien que prétexte, peine à captiver du fait de sa complexité, toute relative il est vrai, mais qui alourdit la pièce.
Dans la scène finale, coupée encore une fois de manière abrupte, Michel Bouquet se prépare, sans le savoir, au personnage qu’il jouera dans « La femme infidèle » de C. Chabrol en 1969.
Cette coupe brutale, ajoutée à la brutalité des propos de M. Bouquet, rend cette fin plus intense. Trop intense même, comparé à ce qui précédait.
La musique choisie, légère et romantique, tranche ironiquement avec le reste.

La louve (29-03-1966)
de Jean Chatenet
avec André Valmy, Pierre Constant, Pierre Delbon, Jean Bolo, Marcel André, Jean-Pierre Lituac, Maria Tamar, Geneviève Morel, Évelyn Séléna

Musique de péplum. Nous sommes en l’an 79, à Rome, et à Rome, en 79, les crimes commis peuvent ressembler à ceux des histoires habituelles de « Mystère, mystère ». Jean Chatenet exploite tout de même l’aspect historique, en utilisant les éléments de la tragédie grecque : inceste, empoisonnements, suicides, les deux derniers ne tranchant pas avec les habitudes de la série.
Dans un premier temps, Jean Chatenet insuffle un certain dynamisme à son histoire. Un riche marchand voit ses deux fils se battre pour une jeune fille. Tous les coups bas sont permis, ils ne sont que demi-frère dans une famille recomposée plus par intérêt (la seconde femme est patricienne) que par amour. Le fils de la seconde femme et le fils du marchand vont donc se livrer à une lutte fratricide, une situation largement exploitée dans la mythologie gréco-romaine.
Mais que s’est-il passé ensuite ? L’auteur a complètement calé en cours de route. En l’absence du commissaire ou inspecteur habituel, nous nous retrouvons dans un procès, qui va remplacer l’enquête traditionnelle, avec ses interrogatoires interminables. Les dialogues deviennent répétitifs, l’histoire patine, l’ennui s’installe, chose rare dans la série, et les acteurs ont beau se démener comme à leur habitude, rien n’y fait. À quel moment le verre ayant empoisonné la victime était plein, et vide ? Les témoignages se suivent, et se contredisent. Après, une première révélation, suivie d’une seconde, qui écrase la première, les véritables coupables se retrouvent sains et sauf, hors de portée de la justice. Mais se réfugier à Pompéi, en 79, est-ce une bonne idée ?
Ce dénouement, Jean Chatenet l’avait tellement en tête depuis le début qu’il en a négligé une bonne partie de son histoire.

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard -

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