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Le coin des bouquineurs    Page 9 sur 9

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De l'incitation - Jeu 27 Sep 2018, 11:29

''Jemand mußte Josef K. verleumdet haben, denn ohne daß er etwas Böses getan hätte, wurde er eines Morgens verhaftet''.

Cette phrase initiale du "Procès" de Franz Kafka, est comme celle de "L'Enfer" de Dante, inoubliable :
''Nel mezzo del cammin di nostra vita
mi ritrovai per una selva oscura,
ché la diritta via era smarrita
''.

France Culture, en étudiant (bien, cf. Adèle Van Reeth, "L'Iliade", ou mal, cf. de nombreuses pages de ce forum) et en citant les grandes œuvres du patrimoine, incite à les parcourir ou à s'en nourrir. C'est déjà ça. Pour la station, c'est un peu contre-productif, car sauf à passer ses journées à ne faire que ça, on ne peut lire Homère et écouter France Culture et France Musique. Qui suit les conseils de Van Reeth [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/10467-12.09.2018-ITEMA_21806387-2.mp3" debut="51:57" fin="52:21"] ou de Charles Dantzig (cf. Grimmelshausen) peut éteindre son "poste" durant deux semaines (au moins)..

Le numéro de La Dispute de lundi, dont la première partie a été évoquée ici, incite à ouvrir ''Der Prozess'' ou "Le Procès". Mais alors... rdv en 2019 ? Smile

Ainsi s'explique aussi la modeste participation à ce forum : les auditeurs cultivés (h/f) de France Culture lisent (des livres) ou regardent (des films) ou écoutent (de la musique). En plus de cultiver leur jardin, cela va sans dire.

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La retraite à 45 ans - Lun 23 Déc 2019, 15:23

"Ce n’est pas la patrie que vous aimez, c'est la retraite ! Et le plus tôt possible vers les 45 ans !". Kostoglotov, ancien déporté, à Paul Nikolaievitch Roussanov, cadre supérieur et membre du parti communiste, tous deux soignés dans un service de cancérologie ; le récit se passe en 1955.

Alexandre Soljenitsyne, Le Pavillon des cancéreux, 1968, page 539 de cette édition de 1970, imprimée en 1974 :

Le coin des bouquineurs - Page 9 Scree545

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Éluard vu par Milan Kundera et Jan Zabrana - Jeu 27 Juil 2023, 19:20

Implacable Milan Kundera pp 107- 110 dans Le Livre Du Rire Et de l'Oubli à propos de la pendaison en 1950 de Zavis Kalandra, poète surréaliste ami de Breton et d'Éluard, ce dernier refusant d'intervenir en faveur du poète tchèque :
"Mais Éluard était en train de danser dans une ronde gigantesque entre Paris, Moscou, Prague, Varsovie, Sofia et la Grèce, entre tous les pays socialistes et tous les partis communistes du monde, et il récitait partout ses beaux vers sur la joie et la fraternité"


Compte réglé avec Éluard également par Jan Zabrana dont le journal, "Toute une vie", avait à ce point coupé le souffle d'Alain Finkielkraut que ce dernier avait consacré au poète et traducteur tchèque un numéro de Répliques admiratif en 2006  "Demain est une autre nuit" : la vie et l’œuvre de Jan Zabrana
"J'ai suffisamment à faire avec les coupables qui n'ont pas avoué." Ainsi le poète bénit-il les meurtriers qui tabassaient leurs prisonniers, leur cassaient la mâchoire, les envoyaient sous les douches glacées dans les cachots de ciment ... Ne me sortez pas vos salades sur l'âme fragile de Paul Éluard. Son âme, roulée dans les excréments de la lâcheté, émet de l'ambre jusque dans l'au-delà ...
"Toute une vie" pp. 63-64.

YouTube Le Grand Charivari de la RTBF - "Toute une vie" de Jan Zabrana (8'00)

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''Révolution'' par Sławomir Mrożek - Jeu 31 Aoû 2023, 11:37

"Révolution", par Sławomir Mrożek.

Dans ma chambre le lit se trouvait là, l’armoire ici, entre les deux il y avait la table. Jusqu’au jour où j’en ai eu assez. Je déplaçai le lit ici, et l’armoire là.

Durant un certain temps je sentis que coulait en moi un courant novateur vivifiant. Mais passé quelques jours… l’ennui revint. J’en tirai la conclusion que la source de mon ennui était la table, ou plutôt le fait qu’elle demeurait au centre, immuablement. Je poussai donc la table là, et le lit au milieu. De façon anticonformiste.

Cette seconde nouveauté me redonna de la vitalité, et tant que celle-ci dura, j’ai accepté la gêne anticonformiste dont elle était la cause. En effet, je ne pouvais plus maintenant dormir le visage tourné vers le mur, ce qui avait toujours été ma position préférée.

Au bout d’un certain temps, néanmoins, la nouveauté cessa d’être nouvelle, et seule subsista la gêne. Dans ces conditions, je poussai donc le lit ici, et l’armoire au milieu. Cette fois, le changement fut radical. En effet, l’armoire au milieu de la chambre, c’était plus que de l’anticonformisme. C’était de l’avant-garde.

Au bout d’un certain temps, néanmoins…Ah, ce maudit « certain temps » ! Bref, même l’armoire au milieu de la chambre cessa de m’apparaître comme quelque chose de nouveau et d’inhabituel.

Il convenait d’opérer une cassure, de prendre une décision fondamentale. Si, dans le cadre ci-dessus défini, aucun véritable changement n’était possible, il importait de sortir complètement de ce cadre. Dès lors que l’anticonformisme se révélait insuffisant, dès lors que l’avant-garde ne donnait aucun résultat, il fallait accomplir une révolution. Je pris la décision de dormir dans l’armoire. Tous ceux qui ont essayé de dormir debout dans une armoire savent qu’avec une pareille absence de confort on est absolument assuré de ne pas trouver le sommeil, sans parler de la fatigue totale qui envahit les jambes, et des douleurs dans la colonne vertébrale.

Oui, ce fut la bonne décision. Succès, victoire complète. Car, cette fois-ci, même le « certain temps » n’eut aucune prise. Au bout d’un certain temps, non seulement je ne m’habituai pas à mon changement, c’est-à-dire que le changement demeura changement, mais au contraire, je ressentis ce changement avec de plus en plus d’acuité, car la douleur allait croissant à mesure que le temps passait.

Tout aurait donc été pour le mieux, n’eût été ma résistance physique, qui s’avéra limitée. Une certaine nuit, je n’y tins plus. Je sortis de l’armoire et m’allongeai sur le lit. Je dormis trois jours et trois nuits. Après quoi je poussai l’armoire contre le mur, et la table au milieu, car l’armoire au milieu me gênait.

Maintenant le lit se trouve là, comme avant, l’armoire ici, et entre les deux il y a la table.

Quand l’ennui me guette, je me remémore l’époque où j’étais révolutionnaire.


Extrait de  La vie est difficile, Albin Michel, Paris, 1991. (Nouvelles traduites du polonais par André KOZIMOR)


Source : Dormira jamais

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Une traduction légèrement amendée a paru dans le recueil "Le petit  Mrożek illustré".

Le coin des bouquineurs - Page 9 Scree656

Voir aussi dans ce forum Raymond Gérôme lit trois textes de Slawomir Mrozek : ''La fête du très cher maître'', ''La girafe'' et ''Rencontre''.

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Sławomir Mrożek - Hamlet - Ven 01 Sep 2023, 22:11

Faute de traduction française en ligne de Sławomir Mrożek - Hamlet, passage du texte original par DeepL qui donne un résultat assez satisfaisant.  

HAMLET „Tygodnik Powszechny”, 33/1989

Wezwał mnie dyrektor i powiedział: – Gratuluję, postanowiliśmy powierzyć panu rolę Hamleta. (...)

Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite). Légers amendements avec la version traduite par André KOZIMOR pour le recueil "Le petit  Mrożek illustré" dont l'acquisition s'impose (voir post précédent).

Le directeur m'a appelé et m'a dit : "Félicitations, nous avons décidé de vous confier le rôle d'Hamlet.
Comme tous les acteurs, j'avais toujours rêvé de jouer ce rôle. J'étais aux anges. J'ai remercié le metteur en scène avec effusion, en lui promettant de faire de mon mieux pour remplir la tâche qui m'était confiée.
Les répétitions allaient commencer lorsque le directeur m'a rappelé. Il semblait un peu embarrassé.
- Il y a un élément nouveau. La troupe estime que vous confier le rôle d'Hamlet, c'est favoriser un individu. - Cela signifie-t-il que Hamlet sera joué par quelqu'un d'autre ? - Non, ce serait aussi favoriser un individu. Mais nous avons trouvé une solution. Hamlet sera joué par vous et huit autres acteurs. Je n'en ai heureusement pas plus de neuf qui pourraient plus ou moins ressembler à Hamlet dans l'ensemble. - Je vois, cela veut dire que moi et huit autres se relaieront. - Non, tous en même temps. - Que voulez-vous dire par en même temps... Je ne pense pas que ce soit dans le même spectacle.... - Si, dans le même, tous les soirs. - Mais c'est impossible ! Neuf Hamlet dans un seul Hamlet ? - Oui. - Oh, je veux dire que le premier part, le deuxième entre, sort, le troisième entre et ainsi de suite. - Non, parce qu'alors le problème de l'ordre émerge et qu'il y a une violation de l'égalité. Personne ne devrait être premier, deuxième ou neuvième. Vous oubliez que tout le monde doit avoir des chances égales. - Alors, comment ? - En chœur.
Je me suis affaissé sur ma chaise. Le directeur s'est levé, est sorti de derrière son bureau et m'a posé la main sur l'épaule. - Attention ! Sur le plan socia, on ne pourra rien nous reprocher ;artistiquement, ça peut aussi être une grande réussite. Nous avons déjà un metteur en scène qui va l'entreprendre, une expérience très intéressante, d'avant-garde. Diviser Hamlet en neuf personnalités, vous comprenez. - Je comprends. La psychologie des profondeurs. - Vous l'avez dit avec brio. Puis il s'est penché et a ajouté à voix basse : - Et entre vous et moi, personne ne vous interdira de parler plus fort que les autres.
Les répétitions commencent. On est un peu à l'étroit dans la loge, on se fait des croche-pieds sur scène, mais un fort esprit collectif se dégage.
C'est ainsi que la première a eu lieu. Le premier acte s'est déroulé tant bien que mal, mais lors de la scène du cimetière, je ne trouvai pas mon crâne de Yorick parce que l'accessoiriste s'était trompé et n'avait préparé que huit pièces. Par conséquent, j'ai voulu prendre le crâne de mon collègue de gauche, mais il n'a pas voulu me le rendre et nous sommes tombés dans la tombe ensemble. Les crânes étaient donc toujours au nombre de huit, mais pour sept acteurs maintenant, qui voulaient chacun en avoir chacun deux.
Il y a eu neuf cas de blessures générales, cinq blessures faciales et trois cas de coups de couteau. Qui a dit que Hamlet était une tragédie  de l'individu ?

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Re: Le coin des bouquineurs -

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